16 octobre 2023 - Valeurs actuelles - Pourquoi l’éducation sexuelle en milieu scolaire est contestable
Informer les enfants des détails de la vie sexuelle des adultes, est-ce favoriser que dans leur vie future ils vivent la leur propre dans le respect de l’autre sexe ? Est-ce en prévenir les dérives possibles ? Cette opinion actuellement répandue est une erreur, et c’est une faute.
Une erreur : favoriser demain une rencontre harmonieuse de l’homme et de la femme, c’est permettre au garçon et à la fille d’aujourd’hui de s’établir avec confiance dans leur sexe propre, masculin pour le garçon, féminin pour la fille, leur permettant de dire comme d’une évidence : “bien sûr que je suis un garçon/bien sûr que je suis une fille”. C’est ainsi qu’ils pourront respecter l’autre dans sa différence de sexe, dans la différence de ses attentes.
Les parents comme modèles
Cette confiance naît d’un processus psychique où se confronte la réalité corporelle, tôt constatée par le petit enfant, et ce qu’il ressent de l’aspiration de ses parents, d’avoir un fils/d’avoir une fille. Chaque enfant brasse l’interrogation, le garçon “et si j’avais été une fille ?”, la fille “et si j’avais été un garçon ?”, autant que d’autres questionnements existentiels comme “et si j’avais eu d’autres parents, qui m’auraient mieux compris ?” ou bien “la réalité corporelle se concilie-t-elle avec la vie affective m’inscrivant dans la vie de famille comme leur fils/leur fille ?” Cela permet l’appropriation de son corps sexué créant “l’évidence” d’être un garçon ou une fille — parfois cette conciliation est à l’épreuve, pouvant mener jusqu’au sentiment d’être “vraiment de l’autre sexe”, ce que l’on appelle aujourd’hui le sentiment “transgenre”.
Dans l’inconnu où demeure la vie d’enfance de ce que plus tard vivront les sexes, la réflexion enfantine investigue la vie affective qui unit ses parents : l’enfant a compris qu’ils furent petit garçon et petite fille avant de devenir père et mère, et prend modèle sur eux comme la clé pour devenir plus tard “une grande personne”, dégagée de la dépendance enfantine.
Donner à l’autre sexe ce qui lui manque
Ce qui intrigue l’enfant, ce n’est pas le “comment” se vit l’union sexuelle des adultes, c’est ce qui l’anime. La recherche du plaisir sexuel n’a aucun sens qui lui soit accessible, son immaturité corporelle protège l’innocence psychique qui lui est nécessaire. Son questionnement intime concerne la vie sexuelle comme partage et comme don : le don fait à l’autre sexe de ce dont il est manquant, le masculin donné par l’homme (le père) à la femme (la mère) et vice-versa. L’enfant tente de capter leurs qualités masculines et féminines telles qu’il les perçoit, en s’identifiant le garçon à son père, la fille à sa mère — d’autant que cela engage sa raison d’être : être le fuit de ce partage et de ce don, être “l’enfant qu’ils se sont donné”, est au fondement de son identité personnelle.
Ces qualités masculines et féminines ne sont dénigrées au titre de “stéréotypes” que si elles ne sont pas comprises comme un don à l’autre sexe de ce dont il est manquant. La vie amoureuse et sexuelle est le partage de l’incomplétude qui est le vécu humain de la partition sexuée. Les enfants les intériorisent dans une prudente distance entretenue entre garçons et filles sur les cours de récréation, chaque sexe s’appropriant ce qu’il imagine comme son atout dans une rencontre future : l’énergie active pour le garçon, le charme pour la fille — ou parfois selon une envie exploratrice faisant la fille se joindre aux jeux de garçons ou le garçon aux activités des filles : rien là que de très innocent et c’est une erreur d’imposer les activités ludiques en intervertissant leur signification sexuée supposée (ballon de foot/corde à sauter) pour favoriser le respect de l’autre sexe, dans un placage de problématiques d’adultes sur la vie psychoaffective des enfants.
Plus encore, c’est une faute : détailler les pratiques activant le plaisir sexuel, c’est réduire à un hédonisme ce qui pour l’enfant est le moment qui a déterminé sa venue au monde ; instiller le doute sur sa réponse en plein questionnement, comme s’il pouvait s’être trompé dans son investigation identifiant son sexe, c’est perturber sa méditation pleine d’interrogations, chargée du doute existentiel de “faire la bonne réponse” à l’attente de ses parents dans son lien filial, d’être “leur fils” ou bien “leur fille” — hanté de la crainte de les avoir déçus.
Une découverte familiale
L’éducation sexuelle n’a pas sa place dans l’enseignement en école primaire. Elle est une découverte familiale formulant des réponses à l’interrogation de l’enfant sur sa venue au monde — réponses qui doivent rendre allusivement compte du don plutôt que se vouloir “réalistes” : les questionnements sur le “comment” ne sont que le paravent d’un “pourquoi” qui n’ose guère s’exprimer, un “pourquoi moi ?”, un “suis-je l’enfant qui répond à votre attente ?”…
Au collège, les informations sur la réalité corporelle peuvent faire partie des programmes de “sciences de vie et de la nature” — à noter que la mixité complique cet enseignement du fait du décalage de maturation physiologique du garçon et de la fille vers l’adolescence. Au lycée, les informations de prévention doivent être diffusées — sans idéologie ; la vie des jeunes découvre la vie sexuelle qui les engage en un tourment affectif, par l’appui de la vie familiale et des adultes de confiance.
Pour le dire clairement, l’éducation sexuelle ne concerne l’Éducation nationale qu’à l’extrême marge de sa mission. Les pouvoirs publics ne sont pas fondés à considérer qu’ils seraient meilleurs éducateurs que les parents — mieux vaut qu’ils se concentrent sur leur tâche d’instruction des jeunes : là, sans conteste, est leur compétence et leur rôle.
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